Sawsan BOUASSIDA/Cosmos Média
Les feux de forêt en Tunisie représentent une menace majeure pour l’environnement et l’économie du pays. En 2023, environ 4 361 hectares de couverture forestière ont été détruits, entraînant des pertes considérables sur plusieurs fronts. Ces incendies provoquent une diminution drastique de la biodiversité, la destruction d’habitats naturels et une aggravation de l’érosion des sols.
Ce phénomène est amplifié par la vulnérabilité des essences forestières tunisiennes. Les espèces comme le pin d’Alep et l’eucalyptus, qui dominent le paysage, figurent parmi les plus inflammables du bassin méditerranéen. Les conditions climatiques extrêmes, caractérisées par des périodes prolongées de chaleur et de sécheresse, accentuent encore les risques d’incendie et la rapidité de leur propagation.
Un Fardeau Financier Important
Au-delà des impacts environnementaux, les feux de forêt ont un coût économique significatif pour la Tunisie. Chaque hectare détruit représente une perte estimée entre 6 000 et 25 000 dinars, selon la densité et la productivité de la zone touchée. Les interventions pour lutter contre les incendies, qu’elles soient terrestres ou aériennes, sont également très coûteuses.
Par ailleurs, la restauration des zones dévastées, qui inclut des actions de reboisement, d’irrigation et de gardiennage, exige environ 2 000 dinars par hectare. Face à ces défis multiples, une stratégie intégrée alliant prévention, intervention rapide et restauration écologique est devenue une priorité, particulièrement dans le contexte du changement climatique.
Le Projet SURF : Une Initiative pour Renforcer la Résilience
Dans ce contexte, le projet SURF (Partage des Ressources Sous-Exploitées avec les Pêcheurs et Agriculteurs), mise en œuvre par FHI360 est lancé en octobre 2022 grâce au financement de l’Ambassade Américaine et incarne une réponse innovante. Doté d’un budget de 7 millions de dollars, il vise à renforcer la résilience des secteurs de la pêche, de l’agriculture et des forêts face aux effets des changements climatiques.
Ce projet mobilise un réseau de partenaires locaux et internationaux, notamment le ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche, l’Institut National Agronomique de Tunis, l’ONG Action Positive et des experts de l’université Virginia Tech aux États-Unis. Ces acteurs unissent leurs efforts pour développer des solutions durables et adaptées aux réalités tunisiennes.
Un Atelier à Tabarka : Identifier les Défis et Proposer des Solutions
Du 25 au 27 novembre 2024, Tabarka a été le théâtre d’un événement majeur : un atelier de trois jours rassemblant des acteurs locaux, régionaux et nationaux du secteur forestier, ainsi que des représentants de la Protection Civile. Cet atelier visait principalement à comprendre les défis liés à la gestion des feux de forêt, à identifier les lacunes dans les dispositifs existants et à co-construire des solutions adaptées et réalisables.
Les discussions ont permis d’explorer des pistes innovantes pour améliorer les systèmes de détection des incendies et renforcer les stratégies d’intervention rapide. Les participants ont échangé sur les meilleures pratiques et ont mis en lumière l’importance d’une collaboration renforcée entre les différents acteurs impliqués dans la lutte contre les feux de forêt. Cet événement a ainsi constitué une plateforme essentielle pour élaborer des réponses concrètes et efficaces face aux défis environnementaux croissants, soulignant l’engagement collectif pour protéger les forêts et les communautés environnantes.
Les Piliers du Projet SURF
Imen Lahmayer, spécialiste en gestion des ressources naturelles, a récemment partagé des détails cruciaux sur le projet SURF dans une déclaration exclusive à Cosmos Média. Ce projet ambitieux se concentre sur plusieurs composantes essentielles visant à répondre aux enjeux environnementaux actuels. La recherche et le développement occupent une place centrale, avec la création d’un centre de connaissance dédié au changement climatique, dont l’objectif est de proposer des solutions adaptées aux besoins locaux.
En parallèle, le projet met l’accent sur la prévention des incendies de forêt, grâce à la mise en place d’une plateforme innovante qui utilise la télédétection pour générer des alertes précoces et coordonner les interventions. Enfin, la participation communautaire est également au cœur de cette initiative, avec l’organisation d’ateliers destinés à impliquer les acteurs locaux dans le processus décisionnel et à développer des solutions réalistes face aux défis identifiés. Cette approche collaborative vise à renforcer l’engagement des communautés tout en favorisant un dialogue constructif autour des problématiques environnementales pressantes.
Des Actions Concrètes pour Prévenir et Agir
Imen Lahmayer a récemment animé un atelier participatif crucial, mettant en lumière l’importance d’une approche collaborative dans la gestion des forêts en Tunisie. Elle a déclaré à Cosmos Media:« Ce premier atelier intègre les acteurs publics, les arrondissements des forêts au niveau régional, les subdivisions locales et la direction générale des forêts à l’échelle centrale. L’objectif est de développer une plateforme qui intègre des outils de télédétection préventive et un système d’alerte précoce. Ensemble, nous explorons des solutions concrètes et réalistes pour converger vers un dispositif opérationnel performant. »
Lahmayer a également souligné que le projet prévoit des tests technologiques dans des zones pilotes ainsi que des recommandations pratiques pour affiner les solutions proposées.
Un Modèle d’Innovation et de Collaboration
Le projet SURF se distingue par sa démarche novatrice et collaborative face aux défis climatiques et environnementaux que rencontre la Tunisie. En plaçant la prévention et la restauration des écosystèmes au cœur de ses préoccupations, tout en impliquant activement les communautés locales, il ouvre la voie à une gestion durable des ressources naturelles. Cette initiative vise à renforcer la résilience du pays face aux changements climatiques, démontrant ainsi l’importance d’une action collective pour un avenir durable.
