Mabrouka Khedir /Cosmos Media
L’ajout de la nouvelle section « JCC Green » lors des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) 2024 marques une étape significative dans l’engagement du festival envers les questions environnementales. Cette initiative, fondée par Naoures Rouissi, vise à sensibiliser le public et les professionnels du cinéma aux enjeux écologiques contemporains à travers la projection de films engagés.
« JCC Green » un pas vers une sensibilisation environnementale
La section « JCC Green » se concentre sur des œuvres cinématographiques qui traitent des problématiques environnementales, illustrant comment les choix humains impactent notre planète. Ce premier essai pilote a inclut dans l’édition de 2024 cinq films, présentés sans compétition, et s’accompagne de débats pour encourager le dialogue autour de la durabilité et de la préservation de l’environnement.
Naoures Rouissi a souligné que cette initiative s’inscrit dans une tendance mondiale où les festivals de cinéma prennent conscience de leur responsabilité écologique, en adoptant des pratiques plus durables.
Naoures Rouissi a souligné que cette initiative s’inscrit dans une tendance mondiale où les festivals de cinéma prennent conscience de leur responsabilité écologique, en adoptant des pratiques plus durables.
Parcours et Engagement d’Elaria Congiu
Ilaria Congiu possède un parcours académique et professionnel qui allie le cinéma à l’écologie, lui permettant d’aborder ces thèmes avec une perspective unique. Son travail vise à éveiller les consciences sur les enjeux écologiques en utilisant des récits visuels puissants et des témoignages qui inspirent un changement de comportement chez les spectateurs.
Le documentaire « Breath » illustre comment nos choix quotidiens affectent notre environnement. À travers des récits touchants et des images évocatrices, Ilaria cherche à inciter le public à réfléchir sur ses propres habitudes et à envisager des solutions durables pour préserver notre planète.
Son engagement se manifeste également par sa volonté de continuer à travailler sur des projets qui mettent en avant l’importance de la préservation de l’environnement.
En conclusion, l’intégration de la section « JCC Green » aux JCC 2024, ainsi que la présence d’ Ilaria Congiu et son documentaire « Breath », soulignent un tournant vers une plus grande responsabilité écologique dans le monde du cinéma. Les efforts déployés par le festival et les créateurs comme Elaria sont essentiels pour sensibiliser le public aux défis environnementaux actuels.
Voilà l’interview spéciale d’Ilaria Congiu réalisatrice du film « Breath » :
Ilaria Congiu partage avec une grande sincérité et une passion palpable les défis, les réflexions et les émotions qui ont accompagné la création de son film. À travers ce documentaire, elle nous invite non seulement à prendre conscience de l’impact de l’humain sur l’environnement, mais aussi à réfléchir à notre propre responsabilité face à la planète. Son travail incarne une véritable quête de sens, un mélange entre la sensibilisation à la protection de la nature et la lutte pour un avenir plus respectueux, à la fois socialement et écologiquement.
Cosmos Media : Comment percevez vous la présentation de votre film lors des Journées Cinématographiques de Carthage en Tunisie, et quelle importance cela revêt il pour votre carrière ?
Ilaria Congiu:Présenter mon film aux Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) est un véritable privilège et une surprise inespérée. En effet, il y a quatre ans, nous avions inscrit ce projet dans notre dossier en tant que référence pour un festival potentiel, en évoquant les JCC en Tunisie et un festival en Italie. Aujourd’hui, nous y sommes enfin, et l’émotion est palpable.Un moment marquant dans ma carrière
Cette étape de ma carrière me pousse à réfléchir, car tout s’est passé si rapidement. C’est un honneur de présenter mon travail sur le continent qui m’a vu naître. Avoir l’opportunité de le faire en Afrique revêt une importance particulière pour moi. Les JCC ont vu défiler des grands noms du cinéma, ce qui me fait parfois douter de ma place ici. Cependant, être présent à cet événement me conforte dans l’idée que je suis sur la bonne voie.
Ainsi, cette expérience ne se limite pas à la projection d’un film ; elle représente un voyage émotionnel et une affirmation de mon engagement dans le monde du cinéma.
Cosmos Media :Quelle est l’importance pour vous d’intégrer et de promouvoir le film environnemental lors des Journées Cinématographiques de Côte d’Ivoire (JCC) ou dans les grands festivals à travers le continent africain ?
Ilaria Congiu:J’ai découvert que nous avions été intégrés à cette section à la dernière minute. C’est une première en Afrique, et cela représente une avancée significative sous tous les angles. C’est un véritable honneur d’avoir l’opportunité de tracer un nouveau chemin, et je pense qu’il est essentiel de créer ce type de section, que ce soit pour des questions environnementales ou pour des thèmes sociaux spécifiques. J’espère sincèrement que cela ouvrira des perspectives pour d’autres pays. Un aspect crucial de notre film est qu’il porte également un label écologique. Il s’agit du premier documentaire en Italie réalisé en minimisant autant que possible son impact sur l’environnement, car la production cinématographique génère inévitablement de la pollution. À l’époque, il n’existait pas de charte pour les documentaires, et nous avons été le prototype qui a permis d’explorer comment en établir une. Mon souhait le plus cher est que cette initiative perdure et que cette section demeure, car il est vital de mettre en avant la richesse des films axés sur l’environnement.
Cosmos Media :Quels engagements avez-vous pris lors de la production de ce film ? Quelles mesures avez-vous mises en place pour réduire votre empreinte carbone ?
Ilaria Congiu:Nous avons pris part à un laboratoire à Turin, nommé “Green Lab”, où nous avons eu l’opportunité d’apprendre avec des tuteurs sur les effets bénéfiques des pratiques durables. Cependant, un défi majeur réside dans l’existence de chartes spécifiques pour les productions de fiction. Contrairement aux documentaires, les fictions ont un impact environnemental distinct, notamment parce qu’elles ne nécessitent pas l’utilisation de groupes électrogènes. Cela nous a amenés à explorer d’autres questions. Par exemple, en Tunisie, nous avons fait le choix de réduire notre utilisation de plastique. Avec les producteurs locaux, nous avons identifié des solutions viables : privilégier les marques locales et opter pour des contenants en verre. Ces choix représentent un véritable défi, mais ils sont essentiels pour découvrir de nouvelles méthodes qui, d’une part, soutiennent l’économie locale – ce qui est primordial – tout en restant alignés avec nos objectifs environnementaux. D’autre part, il est crucial de trouver des alternatives qui n’affectent pas notre environnement.
Cosmos Media :Travailler sur des sujets liés à la mer et réaliser des prises de vue en mer présente toujours des défis par rapport aux tournages et à la production sur terre. Est-ce que vous partagez ce constat ? Quels obstacles avez-vous rencontrés en tant que réalisatrice et membre de l’équipe de production lors de vos projets liés à la mer ?
Cosmos Media :Travailler sur des sujets liés à la mer et réaliser des prises de vue en mer présente toujours des défis par rapport aux tournages et à la production sur terre. Est-ce que vous partagez ce constat ? Quels obstacles avez-vous rencontrés en tant que réalisatrice et membre de l’équipe de production lors de vos projets liés à la mer ?
Cosmos Media :Travailler sur des sujets liés à la mer et réaliser des prises de vue en mer présente toujours des défis par rapport aux tournages et à la production sur terre. Est-ce que vous partagez ce constat ? Quels obstacles avez-vous rencontrés en tant que réalisatrice et membre de l’équipe de production lors de vos projets liés à la mer ?
Ilaria Congiu:Financer un documentaire est souvent un processus complexe, et cela ne fait aucun doute ! J’espère que la situation a évolué, car ce que j’apprécie dans le documentaire, c’est sa capacité à remplir deux rôles : d’une part, raconter une histoire captivante, et d’autre part, informer le public, ce qui n’est pas toujours le cas avec la fiction. Cela représente un défi supplémentaire, et il est regrettable que ce genre ne bénéficie pas d’un soutien plus important. Cependant, l’intérêt croissant des gens pour les documentaires est une tendance encourageante. En ce qui concerne les documentaires traitant des thèmes environnementaux, notre expérience a été relativement positive. Les défis que nous avons rencontrés étaient principalement liés au fait qu’il s’agissait de notre premier long métrage et que nous devions couvrir trois pays différents. Néanmoins, nous avons constaté un réel encouragement, surtout en ce qui concerne les questions environnementales.
Cosmos Media :Nous avons constaté qu’il existe de nombreux éléments personnels et individuels qui semblent vous toucher profondément. Est-ce cela qui vous a poussée à réaliser un film de ce type ?
Ilaria Congiu:Je me considère très chanceux, car j’ai un père qui, depuis mon enfance, me rappelle à l’ordre lorsque j’oublie d’éteindre les lumières. Cette sensibilité à l’environnement est d’autant plus forte pour moi que j’ai grandi au Sénégal dans les années 90, où la mer était mon unique amie. Avoir un lien si étroit avec la nature et constater sa dégradation au fil du temps ne peut que susciter une révolte intérieure. Nous ne sommes pas vraiment censés être ici. La Terre nous a accueillis, mais nous ne sommes que de passage. Elle existe depuis bien plus longtemps que nous et a toujours su se débarrasser des menaces qui pèsent sur elle. Ce n’est pas à nous de la sauver ; c’est elle qui a le pouvoir de nous sauver. Il est crucial pour moi d’aborder ces questions, non seulement sous l’angle environnemental, mais aussi social. Il est difficile de sensibiliser les gens à la souffrance d’un poisson ou à la disparition des algues. En revanche, parler des êtres humains qui n’ont plus accès à la nourriture ou qui sont contraints de commettre des actes horribles par nécessité résonne davantage. Pour nous, faire des choix peut sembler simple, mais beaucoup de personnes sur cette planète n’ont pas cette liberté. Nous devons donc réfléchir en tenant compte de leur réalité. Il est essentiel de reconnaître notre responsabilité collective. Malheureusement, notre simple respiration contribue à polluer la planète. Nous devons accepter nos contradictions et nous efforcer de faire de notre mieux tout en nous posant les bonnes questions.
Cosmos Media :Il y a indéniablement une dimension sombre et mélancolique dans ce film, car la Terre endure des souffrances, c’est un fait. Cependant, ressentez-vous également une douleur intérieure ou, en fonction de vos expériences, parvenez-vous à entrevoir l’espoir ?
Ilaria Congiu:J’ai souhaité partager à nouveau ce documentaire car il me semble essentiel d’être sincère. Il y a eu des instants où j’ai ressenti un profond désespoir, pensant que personne n’agissait. C’est précisément ce sentiment que je voulais transmettre. En parcourant ce chemin à travers le film et les rencontres que j’ai faites, une étincelle s’est allumée en moi.
Il est évident que le monde évolue, même grâce aux citoyens qui prennent l’initiative de nettoyer les plages. Il existe une multitude de raisons d’espérer. Cette narration mérite d’être mise en avant, et j’y crois fermement.
Pour moi, il était crucial de partager les moments de désespoir, car c’est une part authentique de cette histoire. Cependant, j’ai aussi une conviction profonde : nous devons garder espoir. Nous vivons tous sur cette planète, et il est impossible de ne pas nourrir un minimum d’espoir.
La Nécessité de Questionner
Je souligne l’importance de se poser les bonnes questions. C’est cela qui, parfois, me laisse un peu perplexe.
Cosmos Media :Que voulez-vous exprimer avec le titre « Breath » ?
Ilaria Congiu:Le titre du film a émergé d’une conversation avec le producteur, qui a soulevé des préoccupations concernant la respiration. Je lui ai alors expliqué que la mer fournit environ 50 % de l’oxygène que nous inhalons. Cette discussion a été le point de départ de notre réflexion. C’est pourquoi nous avons choisi d’intituler le film « Breath » (Souffle), car il est crucial pour nous de reconnaître l’importance des deux éléments.