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Etat-des-lieux environnemental : perception majoritairement négative des tunisiens

Chaque tunisien, chaque tunisienne est certainement en mesure de détailler immédiatement des défaillances environnementales vécues au quotidien dans leur espace de vie public et de travail. Sans aucune surprise, une grande majorité de sondés (72.7%) estime que la situation actuelle de l’environnement en Tunisie est mauvaise (25.7%) à très mauvaise (47.0%).

Ce chiffre, très proche de la perception de l’état général du pays (75.8% négatif à très négatif), démontre que la dégradation de la situation suite à l’affaiblissement de l’Etat et la perte de conscience des citoyens a touché des domaines considérés autrefois comme stables tels que l’écologie. D’autre part, il y a très certainement un rapport à chercher entre dégradation de l’environnement et état général du pays.

Plus de 55% des tunisiens assimilent en première réponse instinctive les problématiques environnementales à la question des déchets dans l’espace public. Cette domination prend tout son sens lorsque l’on sait que le pays produit près de 7 millions de tonnes de déchets, dont 2.5 millions de tonnes de déchets municipaux en moyenne par an et 0.815 kg par jour en milieu urbain durant la même période. En face, seuls 70% sont mis en décharges contrôlées, 21% en décharges non contrôlées et seulement 9% sont compostés et recyclés. La résultante est proche de la catastrophe : des poubelles à ciel ouvert, des espaces écologiques envahis par les déchets ménagers, des décharges sauvages qui envahissent espaces naturels et historiques, une faune et une flore salies par les déchets industriels et une prise de conscience qui peine à arriver.

Le problème persistant de l’accumulation des déchets ménagers (collecte, transport et traitement) et leurs répercussions sur le quotidien du citoyen fait que cette question représente une préoccupation majeure et cruciale quand il s’agit de dresser une liste des problèmes environnementaux par ordre de priorité. C’est surtout les habitants du gouvernorat de Zaghouan avec une moyenne de 19,7% et ceux de Sfax avec une moyenne de 17,3% qui estiment que la mauvaise gestion des déchets ménagers est intimement liée à la situation alarmante de l’environnement aujourd’hui.

Les déchets ne sont toutefois pas le seul problème mentionné lorsqu’une liste est suggérée : les problématiques liées à l’eau potable (qualité et accès) se hissent alors en haut de la liste, mentionnés en première réponse par 31% des sondés et par 20% d’entre eux en second. En effet, si en milieu urbain près de 100% des foyers sont connectés au réseau d’eau potable, cette valeur tombe à 91% en zone rurale et dans les deux cas ne prend pas en compte les constructions anarchiques, excluant de facto une frange entière de la population. 

Le sondage montre que la question de la dégradation de la qualité de l’eau potable est classée en première position dans plus de 14 gouvernorats. Ainsi, plus de la moitié des sondés habitant différentes régions considèrent que leur santé est menacée à cause de l’eau consommée. Plusieurs protestations ont déjà eu lieu dans différentes localités pour soulever ce problème aux autorités compétentes. 

Une moyenne de 18,4%  des tunisiens dans le Grand Tunis considèrent cette question comme la plus menaçante s’agissant des problèmes d’environnementaux. Face à une moyenne de 16,4% pour le Nord-Est du pays et de 22,5% pour le Nord-Ouest (Siliana enregistrant le taux le plus élevé de tous les gouvernorats 26,1%)

S’agissant du centre de la Tunisie, la qualité de l’eau est tout aussi préoccupante pour les consommateurs avec une moyenne de 20,1% pour le Centre-Est et 15,6% pour le Centre- Ouest.

L’autre problème se rapportant également à l’eau se révèle être le manque de ressources hydrauliques. Pour six gouvernorats à savoir le Kef, Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid, Tozeur et Kebili, l’insuffisance de l’eau est la question la plus inquiétante, entre pénuries et coupures les tunisiens des régions de l’intérieur se trouvent souvent privés d’eau.

Mis à part les problèmes liés à l’eau et aux déchets, d’autres problèmes environnementaux communs à plusieurs régions ont été soulevé comme le manque d’hygiène et le comportement non responsables des citoyens vis-à-vis de l’environnement ainsi que la pollution du sol de l’eau et de l’air.

En effet, 15,6% des tunisiens considèrent que le manque de propreté/hygiène et certains comportements des citoyens sont à la tête du problème environnementale en Tunisie. Les moyennes de perceptions de ce problème entre les régions de l’intérieur et les régions côtières sont très proches (respectivement 13,0 % et 13,8 %). Cela démontre bel est bien une conscience que la propreté de la rue et la salubrité publique restent de la responsabilité du citoyen.

Concernant la thématique de la pollution (sol, eau, air), il ressort du résultat de ce sondage que c’est la ville de Gabès qui est la plus touchée par le phénomène de la pollution du sol de l’eau et de l’air causé par la présence du Groupe chimique tunisien (GCT). 28,1% des citoyens à Gabès interrogés estiment que leur préoccupation environnementale première est la pollution avec la dégradation de la qualité de l’air, l’eau, des sols et des sous sols. Non loin derrière, le gouvernorat de Médenine souffre également des mêmes maux liés à la pollution avec une moyenne de 23,7%. Le Nord-Est du pays estime aussi que la pollution représente l’un des problèmes les plus préoccupants avec une moyenne de 13,6%.

Bien que certaines questions touchent simultanément plusieurs régions, il n’en demeure pas moins qu’il en reste certaines spécifiques à une région déterminée comme le problème de la déforestation (exploitation forestière) pour la région de Kasserine et l’agriculture intensive pour Kébili.

Enfin, de nombreux autres sujets sont choisis dans la liste sans être instinctivement mentionnés tels que la déforestation (9%), l’impact des industries agroalimentaires (15%), l’épuisement des ressources naturelles conventionnelles (7%) ou encore la disparition de la faune et de la flore naturelles (4%).

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