ArticlesPodcastsReportagesSlidersStoriesUncategorized

L’environnement : une préoccupation inconsciente au regard d’une économie en difficulté

La situation générale de la Tunisie est évaluée par les trois quarts des personnes sondées (75.8%) comme étant négative (26.7%) à très négative (49.1%). L’ensemble des secteurs du pays, au premier titre desquels figurent le secteur de la santé et le secteur agricole, sont touchés par une crise de confiance et d’effectivité rendant l’avenir incertain pour beaucoup de tunisien. Depuis la Révolution, le pays connaît une situation économique difficile entre explosion de la dette extérieure, croissance dépassant difficilement les 2%, taux d’inflation à 8% et dinar en constante baisse face à l’euro et au dollar. Cela n’empêche pas que presqu’autant de personnes prédisent comme positive la situation économique pour les cinq prochaines années (43.6%) que de personnes qui la prédisent négative (46.5%). C’est dans ce contexte difficile que l’environnement tente de se faire une place dans le paysage médiatique et politique tunisien.

Il apparaît tout d’abord et sans surprise que les questions macro-économiques dominent l’attention des tunisiens. A la question « quels sont les problèmes auxquels fait face la Tunisie en ce moment ? » la majorité des sondés mentionne instinctivement le chômage, le pouvoir d’achat, la dette extérieure du pays ou l’absence d’investissement intérieur et extérieur. Les autres thématiques mentionnées comme des défis posés au pays sont également sans surprise le terrorisme et la sécurité, l’instabilité politique et la corruption.

L’environnement arrive à peine à apparaître sur cette liste : seule une personne le mentionne en premier, cinq le mentionnent en seconde ou troisième place. De même, à la question « quelles devraient être la priorité des partis politiques aux prochaines élections ? », parmi les réponses suggérées, l’environnement apparaît seulement en cinquième position d’une liste dominée par la santé et l’agriculture. Il serait facile dès lors de tirer des conclusions tendant à dire que l’environnement ne préoccupe pas ou n’intéresse pas les tunisiens.

Or, la réalité est toute autre. Les tunisiens sont rapidement rattrapés par un quotidien environnemental difficile et à savoir « à quel point vous sentez-vous concernés par les problèmes environnementaux ? », plus de 84% des sondés se considèrent comme étant concernés (24.6%) à très concernés (59.8%) par ces problèmes.

Ce qu’il faut comprendre à travers ces chiffres, c’est d’abord la différence entre les questions à réponses aléatoires (les sondés livrent eux-mêmes leurs réponses, instinctivement) et les questions à réponses assistées (les sondés choisissent parmi une liste de réponses) : l’environnement qui n’apparaît pas parmi les problèmes majeurs de la Tunisie en réponses instinctives est considéré comme une préoccupation importante par 84% des sondés dès lors qu’il est suggéré en réponse.

Une autre des explications possibles est le fait que la majorité des sondés reproduisent instinctivement les thématiques relayées par les grands médias. Les questions macroéconomiques, malgré leur complexité technique et la multitude des facteurs et des chiffres, en sont la preuve concrète. La sécurité et la lutte contre le terrorisme en sont un autre exemple. Les problématiques environnementales ne sont de leur côté pas un sujet récurrent dans les médias. Elles relèvent plus de faits divers lorsque des accidents écologiques surviennent ou lorsque des mouvements sociaux réclament des changements.

Cela ne retire rien de l’importance de la thématique pour le quotidien des tunisiens. Devenu depuis la Révolution un enjeu de santé nationale, sa protection a été inscrite dans le préambule et le corps de la Constitution. Ainsi, aux termes de l’article 45 de la constitution : « L’État garantit le droit à un environnement sain et équilibré et contribue à la protection du milieu. Il incombe à l’État de fournir les moyens nécessaires à l’élimination de la pollution de l’environnement. »

L’Etat se porte également garant pour assurer l’accès à l’eau (article 44) et mettre en place une instance constitutionnelle indépendante du développement durable et des droits des générations futures (article 129). Cette instance n’a pas encore vu le jour, et aucun projet de loi la concernant n’a été déposé à l’Assemblée des Représentants du Peuple.

Mais avant d’aller plus loin, il est nécessaire de dresser un bilan écologique selon les tunisiens.

Bouton retour en haut de la page