L’environnement constitue en Tunisie un enjeu majeur pour le développement et la survie du pays. Même si le sujet fait rarement la une des médias et qu’il occupe une visibilité peu importante dans le paysage politique tunisien, la réalité sur le terrain est chaotique. Tous les gouvernorats du pays sont touchés par des problèmes de pollution qu’elle soit industrielle (Gafsa, Gabes, Sfax), ménagère en milieu urbain (Grand Tunis, Nabeul, Kasserine) ou touchant les espaces naturels (Jendouba, Bizerte, Tataouine).
L’Etat peine de manière flagrante à faire face aux problématiques environnementales. De nombreuses agences paraissent dépassées ou gangrénées par la corruption. Les autorités locales et régionales semblent immobilisées et quelques initiatives relèvent de l’exception. Les citoyens se plaignent mais ne réagissent pas forcément. Ils dénoncent mais n’adoptent pas toujours eux-mêmes les bons comportements.
C’est dans ce contexte de délitement environnemental qu’un sondage effectué par One To One Polling pour le compte de la fondation Heinrich Böll en Tunisie est venu documenter la perception des tunisiens quant à l’état de l’environnement dans le pays. Le sondage réalisé entre les 14 et 30 novembre 2016 a intégré 1000 questionnaires répartis sur l’ensemble du territoire, respectant la répartition par âge, sexe et niveau d’études de la population tunisienne.
Le sondage vient renforcer des vérités sur l’insatisfaction des tunisiens quant au rôle de l’Etat et des collectivités dans la protection de l’environnement mais il documente également des réalités ‘inattendues’ pour certains tel le fait que les citoyens se désignent eux-mêmes parmi les principaux responsables de la propagation exponentielle des déchets en milieu urbain et péri-urbain ou encore leur prédisposition à payer plus de taxes si cela permettait de remédier à l’insalubrité dans leur zone d’habitation.
Autant de chiffres qui permettent de tirer des conclusions claires :
Il est urgent que l’Etat active la stratégie nationale de protection de l’environnement fondée principalement sur la gestion des déchets,
Toutes les agences nationales, telles que L’Agence Nationale de Protection de l’environnement (ANPE), l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL), l’Administration des Forêts ou l’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANGed), doivent se soumettre à de profondes réformes structurelles visant principalement à réduire la corruption interne qui mine leur efficacité, à améliorer la transparence de leurs activités et à établir des mécanismes de redevabilité et de participation publique,
Une sensibilisation des citoyens à grande échelle doit être faite afin de changer des habitudes de consommation et de vie peu respectueuses de l’environnement,
Accélérer l’adoption des textes d’application du nouveau code des collectivités territoriales, particulièrement concernant la protection de l’environnement et la régulation des activités impactant l’environnement ; en parallèle poursuivre les réformes législatives nécessaires à la réforme du système de protection de l’environnement, au premier chef desquelles figurent le Code de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme (CATU) et le Code des Forêts.
Inclure des dispositions qui visent à doter les municipalités de tous les moyens humains, juridiques et financiers leur permettant de protéger l’environnement urbain et rural,
Renforcer le système de sanction contre les infractions environnementales partout dans le pays.