Judith Barreau – Cosmos Média – Hammamet, le 5 juin – Cosmos Média a été convié à une conférence de presse ce mardi, à 10h00, à l’hôtel Golden Tulip Taj Sultan. L’événement marquait le lancement du livre blanc par la Fondation Heinrich Böll. Dans une salle spacieuse aux motifs rouge et blanc, l’équipe de Cosmos Média a été entourée de jeunes qui ont présenté leurs résultats issus du livre blanc intitulé « Une nouvelle politique de la jeunesse pour la Tunisie ». Ce recueil rassemble les réflexions et les aspirations des jeunes tunisiens et tunisiennes formulées entre 2021 et 2023.
La Fondation Heinrich Böll, un acteur majeur de l’écologie et de la justice sociale :
Implantée dans plus de 60 pays à travers le monde avec un réseau de 36 bureaux, la Fondation Heinrich Böll joue un rôle essentiel dans le mouvement écologiste, féministe et de justice sociale. Depuis son arrivée en Tunisie en mai 2013, la Fondation s’engage activement à défendre les acquis démocratiques, promouvoir les droits humains et encourager un développement durable, équitable et inclusif pour les femmes et les jeunes.
Le livre blanc : un travail exhaustif porté par la Fondation Heinrich Böll :
Le livre blanc est le fruit d’un long travail réalisé par la Fondation Heinrich Böll, dans le cadre du projet « Sharek ». Ce projet vise à aider les jeunes à façonner leurs communautés locales et leur pays, à faire entendre leurs intérêts et à assumer des responsabilités aux niveaux local et national.
Une approche qualitative basée sur les droits humains :
L’objectif du livre blanc est d’adopter une approche qualitative basée sur les droits humains pour élaborer une politique de jeunesse. Il recueille les suggestions et les idées des jeunes issus de quatre régions de la Tunisie (Grand Tunis, Kasserine, Bizerte et Sfax), ainsi que de divers acteurs de la société tunisienne. L’objectif est de transmettre ces propositions aux décideurs politiques du pays.
Six axes de réflexion pour une nouvelle politique de la jeunesse :
Le recueil propose des réflexions structurées autour de six axes fondamentaux : les droits des générations futures en matière d’environnement, le droit au travail et au développement régional, le droit à la participation, le droit à l’éducation, le droit à la dignité et à la sécurité physique lors des interventions policières, ainsi que les droits des jeunes femmes face à la violence sociale.
Des recommandations concrètes pour l’action :
Selon Heike Löschmann, directrice de la Fondation Heinrich Böll à Tunis, le livre blanc ne se limite pas à être une simple compilation d’espoirs et de rêves. Il contient des recommandations concrètes résultant du travail collaboratif entre jeunes et moins jeunes, avec le soutien d’experts.
La Tunisie, troisième pays le plus pollué en Afrique :
D’après la Fondation Heinrich Böll, la Tunisie occupe la troisième place en Afrique en termes de pollution environnementale, juste après l’Égypte et l’Algérie. Le taux de pollution s’élève à 75,12 %, dont 20 % est constitué de déchets plastiques.
La Tunisie est donc confrontée à une crise environnementale croissante qui menace sa biodiversité, son approvisionnement en eau et son climat. La pollution sous toutes ses formes est à l’origine de sécheresses, de pénuries d’eau, de la propagation des maladies et de la dégradation de l’écosystème.
Face à cette situation préoccupante, la Fondation Heinrich-Böll formulent dans le livre blanc, des recommandations et suggestions pour une action immédiate.
En voici quelques exemples
- Renforcer les codes légaux et les sanctions :
Il est crucial de réviser les codes légaux actuels et de renforcer les sanctions pour les pollueurs. Les peines actuelles ne sont pas suffisamment dissuasives pour prévenir les comportements néfastes pour l’environnement. En prenant des mesures plus fermes, la Tunisie peut espérer réduire la pollution et restaurer la santé de son écosystème.
- Encourager l’agriculture durable et le recyclage des déchets :
Pour inverser la tendance néfaste, il est nécessaire de promouvoir l’agriculture durable en Tunisie. Cette approche permettra de préserver les ressources naturelles et de réduire l’impact environnemental de l’agriculture intensive. De plus, le recyclage des déchets doit être une priorité, ce qui nécessite des investissements dans les infrastructures et les technologies appropriées.
- Intégrer le développement durable dans les politiques publiques :
La Fondation Heinrich-Böll recommande d’inscrire le développement durable comme principe fondamental dans toutes les politiques publiques. La protection du climat et la réduction des émissions de CO2 doivent être considérées comme des priorités absolues. Les politiques doivent également offrir des mesures incitatives aux jeunes pour investir dans les énergies renouvelables, afin de garantir un approvisionnement énergétique stable, de réduire la dette extérieure et de créer des emplois dans de nouveaux secteurs.
Les jeunes réclament un environnement sain pour les générations futures :
Selon Wajdi Filali, coordinateur de programme de la Fondation Heinrich-Böll à Tunis, les jeunes ont pris conscience de la nécessité de préserver un environnement sain non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les générations futures. Ils soulignent que l’exploitation excessive des ressources naturelles entraîne un dérèglement climatique et d’autres problèmes environnementaux. Par conséquent, il est crucial de travailler en collaboration avec les acteurs officiels et les institutions étatiques pour mettre en œuvre les recommandations formulées.
Conditions pour l’adoption du livre blanc sur l’environnement :
Chabaane Hajji, l’un des jeunes de la Fondation, explique les conditions nécessaires à l’adoption du livre blanc en matière environnementale. Pour que ces propositions soient adoptées, les États et les administrations doivent les intégrer dans leur stratégie future. Il est donc urgent et nécessaire que cette stratégie environnementale soit mise en priorité. De plus, il est crucial de mener des actions de lobbying et de mobilisation collective impliquant la société civile, l’État, les actionnaires et les défenseurs de l’environnement pour exercer une pression efficace. Une fois finalisé, le livre blanc sera proposé aux États, en espérant qu’ils prendront en considération toutes les propositions discutées.
Défis lors de la rédaction du livre blanc :
Lotfi Azzouz, coordinateur national du projet « Sharek » au sein de la Fondation Heinrich-Böll à Tunis, a souligné les défis rencontrés lors de la rédaction du livre blanc, notamment la recherche de données précises. Certains chiffres officiels ne sont pas à jour, ce qui complique l’évaluation précise de la situation environnementale. Cependant, malgré ces difficultés, l’achèvement du livre blanc est un pas important vers la sensibilisation et l’action pour préserver l’environnement tunisien.
