Sawssen Bouassida-Cosmos Media
Sousse, joyau du littoral tunisien, attire chaque année des milliers de touristes grâce à ses plages ensoleillées et son riche patrimoine. Pourtant, cette image idyllique cache une réalité préoccupante : une pénurie d’eau chronique qui frappe la région, particulièrement durant la haute saison touristique.
Face à ce défi, de nombreux établissements ont dû se tourner vers une solution d’urgence : l’investissement dans des citernes d’eau.
Des Citernes pour Sauver l’Activité Touristique
La pénurie d’eau estivale à Sousse a contraint hôtels, restaurants et autres commerces à chercher des alternatives pour maintenir leur activité. L’achat de citernes d’eau est devenu une nécessité pour de nombreux professionnels du secteur. Ces citernes, souvent de grande capacité, permettent de stocker suffisamment d’eau pour assurer un service minimum malgré les fréquentes coupures.
Un témoignage d’un visiteur, qui a séjourné à Sousse durant l’été 2024, illustre cette problématique. Ce qui devait être des vacances agréables s’est transformé en une série de désagréments, notamment l’incapacité de se laver les mains dans les restaurants à cause du manque d’eau, et la nécessité de servir des plats dans des gobelets en plastique en raison de l’absence de vaisselle propre.
L’Impact sur le Secteur Touristique
La pénurie d’eau touche durement le secteur touristique à Sousse. De nombreux hôtels et restaurants ont dû investir dans des citernes pour assurer un minimum de service, mais cela représente un coût important qui grève leurs bénéfices.
La qualité de l’expérience des visiteurs est également affectée, avec des services dégradés et des conditions d’hygiène précaires dans certains cas. Cela risque de nuire à l’image de Sousse en tant que destination touristique de premier plan et de décourager les touristes de revenir.
Quand l’Eau Devient un Luxe, un Cri du Cœur pour la Justice
Mohamed Salah Glaid, ingénieur et activiste de la société civile à Kalâa Kebira, exprime son inquiétude face à une situation alarmante dans une interview avec Cosmos Media : « Les ruptures d’eau sont devenues quasi quotidiennes, surtout en soirée, depuis plus de trois ans. Pour beaucoup, les citernes représentent une solution de dernier recours, mais elles ne résolvent rien à long terme. »
L’utilisation généralisée des citernes soulève des préoccupations supplémentaires. Bien qu’elles permettent à certains de stocker de l’eau, elles privent souvent d’autres résidents, notamment ceux vivant dans des appartements en étage, d’un accès équitable à cette ressource essentielle. « C’est une forme d’égoïsme qui se développe, où chacun cherche à satisfaire ses besoins au détriment des autres », déplore-t-il.
Mohamed Salah Glaid souligne également l’impact sur le secteur touristique : « Le tourisme en souffre énormément, avec une baisse du nombre de jours de vacances passés à Sousse. Les vacanciers passent une partie de leur temps à chercher de l’eau au lieu de profiter de leur séjour. »
Coupures d’Eau : Les Restaurateurs de Khezema Face à une Crise Inattendue
Slim Ezzeddine, gérant du restaurant Dar Remi à Khezema, a investi plus de 2000 dinars pour acquérir des bidons et une citerne de 500 litres. « Sans cette citerne, nous n’aurions pas pu rester ouverts », confie-t-il.Ce coût élevé, associé à l’achat d’eau potable pour assurer un service de qualité, pèse lourdement sur les finances des établissements. La nécessité de fournir des bouteilles d’eau aux clients et de fermer les vestiaires en cas de réserve insuffisante entraîne une hausse des dépenses et une baisse de la satisfaction client.Kamel Anizi, serveur au 707 Coffee Shop, souligne que les coupures d’eau survenues dès 11 heures du matin en juillet 2024 ont provoqué des pannes de machines à café, contraignant l’établissement à servir des boissons dans des gobelets en plastique, une situation qui a déplu à la clientèle. Mouadh Belkhiria, gérant du même salon de thé, note une baisse de 15 % de son chiffre d’affaires, qu’il attribue à ces coupures et à la nécessité de laver la vaisselle le lendemain matin.
Des Répercussions Économiques Importantes
Pour certains établissements, les citernes d’eau sont devenues indispensables, mais elles demeurent insuffisantes. Malgré un investissement dans une citerne de 1000 litres, l’activité du salon de thé 707 a été fortement impactée. Les citernes, bien qu’essentielles pour maintenir le service, ne résolvent pas le problème fondamental de la gestion de l’eau à Sousse.
Vers une Gestion Durable de l’Eau ?
L’investissement dans des citernes témoigne de la détermination des professionnels du tourisme à surmonter ces difficultés. Cependant, il souligne également l’urgence pour les autorités locales de trouver des solutions durables. La mise en place d’infrastructures modernes pour la gestion de l’eau, ainsi que la sensibilisation à une consommation plus responsable, sont des étapes indispensables pour éviter une aggravation de la situation. Sousse doit relever ce défi de manière proactive pour préserver son attractivité touristique et continuer à offrir une expérience de qualité à ses visiteurs, sans imposer de lourds sacrifices financiers à ses entrepreneurs.
Investissements coûteux dans des citernes d’eau
De nombreux hôtels, restaurants et commerces ont dû investir massivement dans l’achat de citernes d’eau pour pallier les coupures fréquentes. Par exemple, le restaurant Dar Remi a dépensé plus de 2000 dinars pour une citerne de 500 litres, sans laquelle il n’aurait pas pu rester ouvert. Cela représente un coût important qui grève les bénéfices des établissements.
Dégradation des services et de l’hygiène
Le manque d’eau contraint les professionnels à servir les clients dans des gobelets en plastique, fermer les vestiaires, et retarder le lavage de la vaisselle. Cela dégrade fortement l’expérience des visiteurs qui s’attendent à des services irréprochables dans une destination touristique réputée.
Menace sur l’image de la destination
À long terme, ces problèmes risquent de nuire gravement à l’image de Sousse comme destination touristique de qualité. Les visiteurs pourraient être découragés de revenir s’ils ont vécu des désagréments liés au manque d’eau.