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Au chevet de l’océan malade, le monde s’engage à Nice pour une révolution bleue

Nos océans suffoquent. Longtemps perçus comme une ressource inépuisable, ils sont aujourd’hui au bord de la rupture. Acidification, pollution plastique, surpêche, zones mortes, élévation des températures

Le diagnostic est alarmant. Le poumon bleu de notre planète, qui régule notre climat et abrite 80% de la vie sur Terre, est menacé de toutes parts. C’est dans ce contexte d’urgence absolue que la communauté internationale s’est donné rendez-vous à Nice, transformée pour une semaine en capitale mondiale d’un avenir maritime à réinventer.

Nice, 13 juin 2025 – Le rideau tombe sur la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3), et le message est clair : l’heure n’est plus aux constats mais à l’action. Du 9 au 13 juin, la Côte d’Azur a été le théâtre du plus grand sommet jamais organisé pour la sauvegarde des mers. Un ballet diplomatique et citoyen sans précédent, réunissant 175 nations, 64 chefs d’État, des milliers de délégués et d’experts, tous unis par une même conviction : sauver l’océan est une question de survie collective.

Océans face à l’urgence

Co-présidé par la France et le Costa Rica, l’événement a dépassé toutes les attentes en matière de mobilisation. Plus qu’une simple conférence, c’est une véritable vague bleue qui a déferlé sur la région, avec près de 130 000 visiteurs venus participer à un millier d’événements, symbolisée par l’impressionnante « Baleine » et ses pavillons thématiques installés sur le port. Cette affluence record témoigne d’une prise de conscience planétaire : la santé de l’océan est l’affaire de tous.

Des engagements historiques pour un océan sanctuarisé

Loin des discours creux, la conférence a forgé une série d’engagements concrets, baptisés « Les engagements de Nice pour l’Océan », qui pourraient changer la donne.
Parmi les avancées majeures, la protection de la haute mer, cette immense zone qui représente 64 % de l’océan et qui était jusqu’ici une zone de non-droit, fait un bond de géant. Avec 50 États ayant déjà ratifié le traité historique sur la biodiversité marine (BBNJ) et 17 autres s’engageant à le faire d’ici septembre, son entrée en vigueur est désormais assurée pour début 2026. Une « avancée civilisationnelle majeure » qui permettra enfin de créer des aires marines protégées loin des côtes.
Un autre front crucial, l’exploitation minière des grands fonds marins, a vu 37 pays appeler à un moratoire, une pause de précaution pour protéger ces écosystèmes fragiles et méconnus. Le signal est fort, renforcé par l’annonce de grandes banques internationales qui cesseront de financer ces projets controversés.
La lutte contre la pêche illégale, qui pille les ressources et détruit les équilibres, s’intensifie également. Avec la ratification par 103 États de l’accord de l’OMC contre les subventions néfastes et l’adhésion de la Chine à l’accord sur la surveillance des ports (PSMA), les filets se resserrent autour des navires voyous.

La science, boussole de l’action

Mais les engagements politiques ne suffisent pas sans les outils de la connaissance. Nice a consacré la science comme le pilier de la nouvelle gouvernance océanique. Le lancement de la Mission Neptune, un programme international d’exploration, mobilisera les technologies les plus avancées pour cartographier les abysses et percer les secrets du vivant.

En parallèle, la création du Mercator International Center for the Ocean fournira des « jumeaux numériques » de l’océan, des outils de modélisation de pointe pour anticiper les changements et guider les décisions politiques. Et pour que chacun puisse suivre les progrès, le Baromètre Starfish publiera un rapport annuel sur l’état de santé de l’océan, un bulletin accessible à tous.

Une vague citoyenne et politique

Pour la première fois, un « Parlement de la Mer » a rassemblé 250 législateurs du monde entier, lançant une coalition pour traduire les engagements de Nice en lois nationales contraignantes. Cette dynamique inclusive, associant villes, entreprises, universités et ONG, ancre l’idée d’une responsabilité partagée.
En fixant un cap clair vers l’atteinte de l’Objectif de Développement Durable 14 d’ici 2030, Nice a posé les fondations d’une gouvernance basée sur le droit, la justice et la science. Comme l’a résumé la légendaire océanographe Sylvia Earle, « Après Nice, l’Océan se portera vraiment mieux ». Le sommet s’est achevé sur une note d’espoir tangible, celle d’une révolution bleue enfin en marche, pour nous et pour les générations futures.

Mabrouka Khedir/Cosmos Media 

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